[a] BARANIUK Chris, « In an era defined by humanity’s impact on the planet, some animals appear to be proliferating quite happily », in BBC, août 2017, en ligne, consulté le 26 septembre 2024, [https://www.bbc.com].
[b] NOUYRIGAT Vincent, « La peur de la nature : et si nous étions tous en train de devenir biophobes », in Nature, epsiloon, Hors Série n°9, 2023, p. 42.
[c] « Qui est la Fédération Nationale des Chasseurs et comment fonctionne-elle ? », in Fédération Nationale des Chasseur, en ligne, consulté le 27 décembre 2024, [https://www.chasseurdefrance.com].
[d] LORENZ Konrad, L’Agression : une histoire naturelle du mal (1976), Espagne, Flammarion, 2018, p. 71.
[e] Une des formule les plus célèbres de la philosophie provenant du traité De Cive {Du Citoyen} écrit par Thomas Hobbes en 1642.
[f] VAULERIN Arnaud, « Le 6 août 1945, à 8h15, Little Boy est largué dans le ciel de Hiroshima », in Libération, 6 août 2015, en ligne, consulté le 30 décembre 2024, [https://www.liberation.fr].
[g] « Les 10 animaux les plus dangereux au monde », in Europe 1, 4 septembre 2024, en ligne, consulté le 30 décembre 2024, [https://www.europe1.fr].
[h] GARY Romain, « Lettre à l’éléphant », in faunesauvage, 1968, en ligne, consulté le 2 janvier 2025, [https://www.faunesauvage.fr].
Dans un article de la BBC [a], le journaliste Chris BARANIUK explique que même si de nombreuses espèces disparaissent de la surface de la Terre, d'autres parviennent à s’adapter et à prospérer. De ce fait, la biodiversité ne diminue pas. Un réensauvagement du monde pourrait alors se produire et l’humain serait à son tour l’espèce en voie de disparition. C’est pourquoi dans les fictions d’anticipation de ce chapitre, les rôles s’inversent dans un monde devenu hostile aux humains.
Un monde inversé
La biophobie est définie par l’association américaine de psychologie comme « la peur de certaines espèces et l’aversion générale pour la nature qui poussent l’homme à se lier à la technologie [...] plutôt qu’aux animaux, aux paysages et à d’autres éléments du monde naturel [b]. » Ainsi l’être humain est naturellement programmé pour fuir et craindre les animaux potentiellement dangereux. Ce mécanisme de défense est justifié lorsque l’on regarde le film La Planète des Singes [23]
. Projeté dans un scénario post-apocalyptique, l'humain presqu’entièrement exterminé par un virus est redevenu un être primitif. Il est dominé par les singes qui grâce à ce virus ont, quant à eux, décuplé leurs facultés. En somme, les rôles se sont inversés : les singes nous asservissent et nous sommes réduits à des bêtes dépourvues d’intelligence. C’est certainement l’une des raisons pour lesquelles la tradition de la chasse perdure encore aujourd’hui, étant la troisième activité de loisirs des Français avec cinq millions de porteurs du permis [c]. La Fédération Nationale des Chasseurs met en avant cette pratique servant (selon ses membres) à défendre la ruralité et à préserver la biodiversité. En ce sens, réguler la nature permet à l’homme de préserver sa domination avant que lui-même ne risque d’être dominé à son tour.
Un monde hostile
Si dans son ouvrage L’Agression, le biologiste et zoologiste Konrad LORENZ explique que les comportements agressifs résultent d’un « instinct [d] » de survie des espèces, il explique également que l'homme est un cas particulier. En effet, il a largement dépassé la notion d’utilité à sa survie par l’invention des armes modernes. L’agression peut donc être exagérée et devenir nuisible. L’humain est ainsi devenu son plus grand prédateur : « Homos homini lupus est [e] » (« l’Homme est un loup pour l’Homme »). Par exemple, le 6 août 1945, la bombe atomique surnommée Little boy larguée par les États-Unis sur Hiroshima, fera environ soixante-dix mille morts en à peine en quelques heures sans compter les cas ultérieurs de morts [f]. En comparaison, l’animal le plus meurtrier pour l’homme (le moustique) est responsable d’un million de morts en un an [g]. C’est pourquoi dans la série Fallout [67]
, les réalisateurs invitent l’humain à se méfier de sa soif de progrès. En effet, l’humain cherche sans cesse à modifier les animaux génétiquement en atténuant ou renforçant leurs caractéristiques. Par exemple, l’hypertype est l’accentuation à l’extrême de caractéristiques physiques propre à une race animale domestique dans l’optique d’obtenir des races esthétiquement plaisantes pour l’humain. De ce fait, dans ce scénario d’anticipation des créatures difformes (génétiquement modifiées en laboratoire) deviennent dangereuses pour l’humain. Un rat qui mesure normalement vingt-cinq centimètres, mesure ici plus de deux mètres. Il est alors capable de dévorer un humain en une bouchée. En revanche dans Le Règne animal [61], c’est l’humain qui mute se transformant peu à peu en animal. La nature reprend ses droits et l'homme retourne à sa position originelle d’animal : « Dans ce monde entièrement fait pour l’Homme, il se pourrait bien qu’il n’y eût pas non plus de place pour l’Homme [h]. »